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Violence carcérale : Temer veut construire une prison par Etat

Une trentaine de détenus ont été massacrés le 6 janvier dernier dans une prison de l’Etat de Roraima, dans le nord du Brésil. L’attaque a été menée de façon éclair par un groupe de détenus, essentiellement à l’arme blanche, selon le gouvernement de l’Etat. Cinq jours plus tôt, dans une prison de Manaus en Amazonie, une mutinerie d’une violence extrême avait entraîné la mort de 56 prisonniers. En octobre dernier, ce sont dix détenus qui avaient été assassinés dans la même prison de Roraima, dans le cadre d’un affrontement entre gangs rivaux. Ces massacres illustrent en effet la guerre que se livrent derrière les barreaux différents cartels du crime organisé, en l’occurrence le Comando vermelho (CV, de Rio de Janeiro), allié de la FDN (Familia do Norte) qui serait l’auteur du massacre de Manaus, dont les victimes seraient, elles, membre du PCC de Sao Paulo, rival du CV.

Depuis, d’autres actes de violence ont été commis dans plusieurs autres prisons du pays.

La plus grande violence est omniprésente dans les prisons brésiliennes. La population y est la quatrième du monde avec 622 000 détenus officiellement recensés, derrière les Etats-Unis, la Chine et la Russie. L’un des maux endémiques est la surpopulation carcérale (167% de taux d’occupation), encore aggravé par la crise économique sévère que traverse le pays. Brasilia a pourtant annoncé, dans la foulée du massacre de Manaus, un nouveau plan national de sécurité, auquel est alloué un budget de 800 millions de réais (environ 250 millions d’euros). Le gouvernement de Michel Temer prévoit notamment la construction dans chacun des vingt-sept Etats brésiliens, d’au moins une prison, où les coupables de délits mineurs seront séparés des grands criminels. Il veut aussi construire 5 nouvelles prisons fédérales pour y transférer les«leaders hautement dangereux» et équiper 30% des établissements de systèmes de brouillages de portables, pour que les caïds des cartels de la drogue ne puissent plus piloter leur trafic depuis leur cellule. Ces projets iront-ils à leur terme ? Pas sûr. 

Le ministre de la Justice Alexandre de Moraes a d’ailleurs reconnu que ce plan à lui seul ne suffirait pas à régler la crise du système pénitentiaire.

Le chercheur au CNRS François-Xavier Le Tourneau , très bon connaisseur du Brésil, voit deux causes principales à la persistance d’une situation aussi grave : « la déréliction du système carcéral brésilien » et « la guerre civile souterraine que se livrent depuis 30 ans les organisations du crime organisé » . Au-delà, il estime que « les révoltes et leur cortège de violences abjectes amènent à se poser des questions sur la relation du Brésil avec sa violence».

Son analyse dans le Huffington Post est à lire ICI