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Quatre questions pour comprendre la crise au Venezuela

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Après l’autoproclamation de Juan Guaido le 23 janvier, les pressions occidentales s’accentuent sur le régime chaviste. Mais celui-ci ne manque pas de soutiens.

 

Article publié le 29 janvier sur Slate.fr.

Pendant des années, le Venezuela s’est enfoncé dans la crise sans réellement mobiliser la communauté internationale, occupée ailleurs. Mais le dossier aiguise désormais les crispations entre les principales puissances, avec un petit parfum de guerre froide: le Conseil de sécurité des Nations unies, qui s’est réuni samedi 26 janvier sans parvenir à élaborer une déclaration commune, a mis en évidence de profondes divisions sur cette question.

Quels pays soutiennent Juan Guaido?

À la volonté de Washington de faire voter le soutien au jeune député Juan Guaido, qui s’est déclaré «président en exercice» le 23 janvier dernier, Pékin et Moscou ont opposé une fin de non-recevoir et apporté leur soutien au président Nicolas Maduro, investi le 10 janvier pour un second mandat. L’ambassadeur russe a même clairement dénoncé «les jeux sales des États-Unis» et leur responsabilité dans cette «tentative de coup d’État».

ertains pays européens sont eux aussi à la manœuvre, mais en ordre dispersé. La France, l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique et le Portugal ont donné huit jours à Caracas pour organiser «des élections libres», faute de quoi ils reconnaîtront la légitimité du président «par intérim» Juan Guaido, comme les États-Unis, le Canada et une douzaine de pays latino-américains –dont le Chili, l’Argentine, le Brésil, la Colombie et le Pérou– l’ont déjà fait, rejoints dimanche par Israël et l’Australie.

Emmanuel Macron

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Le peuple vénézuélien doit pouvoir décider librement de son avenir. Sans élections annoncées d’ici 8 jours, nous serons prêts à reconnaître @jguaido comme « Président en charge » du Venezuela pour enclencher un processus politique. Nous y travaillons entre partenaires européens.

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L’Union européenne s’est elle bornée à l’une des déclarations floues dont elle a le secret, tout en appelant à de nouvelles élections sous observation internationale.

Lundi 28 janvier, Washington est passée à la vitesse supérieure en annonçant de nouvelles sanctions contre la compagnie pétrolière nationale PDVSA, qui continue de vendre son brut aux États-Unis –c’est même l’une de ses seules sources de devises. Les revenus iront désormais sur des comptes bloqués: «Nous estimons que ces sanctions entraîneront le gel de sept milliards de dollars et la perte de onze milliards en exportations au cours de l’année à venir»a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton. Caracas et Moscou ont immédiatement jugé ces sanctions «illégales et illégitimes».

De quoi étrangler un peu plus le pays, dont les exportations sont à 97% pétrolières et dont les réserves de change s’effondrent. La semaine dernière, la Banque d’Angleterre aurait déjà bloqué le retrait par Caracas d’1,2 milliard de dollars en or, selon Bloomberg –des actifs gelés dont l’opposition dirigée par Juan Guaido pourra disposer.

On verra dans les jours qui viennent si ces pressions occidentales portent leurs fruits. À court terme, en tout cas, elles ont plutôt semblé renforcer la détermination du gouvernement Maduro, assuré notamment des soutiens russe, turc et chinois, mais aussi, de façon plus mesurée, de celui du nouveau président mexicain de gauche, Andrés Manuel Lopez Obrador.

Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza a accusé ce week-end Washington d’être «à l’avant-garde du coup d’État» et a balayé l’ultimatum européen, ajoutant qu’«Emmanuel Macron ferait mieux de s’occuper de la crise des “gilets jaunes” au lieu de s’occuper de nos affaires».

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