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Présidentielle: le Costa Rica préfère un ex-rockeur à un prédicateur évangélique

Un Alvarado  triomphe d’un autre. Le candidat de centre gauche Carlos Alvarado, 38 ans, a été élu, dimanche dernier, président du Costa Rica, avec près de 61% des voix. Cet ancien journaliste et ancien rockeur a battu au second tour un autre Alvarado, Fabricio (simple homonyme), lui aussi jeune (43 ans) et ancien journaliste. Mais Fabricio Alvarado est surtout un prédicateur évangélique qui a surgi de nulle part dans la campagne électorale et a réussi à se retrouver au second tour grâce à sa croisade contre le mariage homosexuel. Il n’était pourtant pas question de le faire voter au Costa Rica mais un simple conseil en ce sens de la Commission interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) avait suffi à mettre le feu aux poudres. Cette montée surprise dans les sondages a révélé la face très conservatrice du Costa Rica, et confirmé le rejet des partis traditionnels (déjà dynamités lors de l’élection il y a 4 ans de Luis Guillermo Solis), puisque les deux Alvarado sont de complets outsiders.

Carlos Alavarado n’est cependant pas un novice en politique. Il a étudié les sciences politiques, notamment à l’université britannique du Sussex, et était l’ancien ministre du Travail et des Affaires sociales du gouvernement sortant. Issu du même parti que Solis, il n’a cependant eu de cesse de s’en démarquer, celui-ci ayant agrégé les mécontentements en raison de scandales de conflits d’intérêts mais aussi de son incapacité à réduire le chômage (plus de 9%) et la montée, récente mais inquiétante, de la violence et du narcotrafic.

Le nouveau président va devoir s’atteler au redressement des finances de ce petit pays de 5 millions d’habitants, l’un des plus stables d’Amérique centrale, mais plombé par un déficit de plus de 6% du PIB et une dette de plus de 50%, qui menacent la pérennité de son système social et éducatif, et ses ambitions environnementales. Ce qui ne sera pas simple puisqu’il ne dispose pas de la majorité au Congrès. Favorable, lui, au mariage gay, et doté d’une vice-présidente afro descendante, Epsy Campbell (« la première de tout le continent » selon cette féministe, militante des droits des minorités ethniques et sexuelles), il va cependant devoir mettre un frein à ses positions progressistes face aux crispations de l’opinion. Preuve de sa grande flexibilité idéologique, il s’est d’ailleurs récemment déclaré contre l’avortement.