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Une expédition scientifique et militaire française parcourt la frontière guyano-brésilienne

La forêt vue depuis la trijonction. crédit: FM Le Tourneau
La forêt vue depuis la trijonction. crédit: FM Le Tourneau

Le 2 juin prochain, débutera « le raid des 7 bornes», expédition au cours de laquelle une équipe de scientifiques et de militaires français vont parcourir à pied les 320 kilomètres de frontière terrestre entre le Brésil et la Guyane française. Une aventure inédite à suivre presque en direct.

A l’origine de cette expédition, deux hommes : François-Michel Le Tourneau, géographe au CREDA (CNRS/Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), qui connait très bien l’Amazonie et a déjà parcouru cette zone lors de deux grandes expéditions (Mapaoni en 2011, Culari en 2013) ; et le colonel Alain Walter, chef de corps depuis 2013 du 3e Régiment étranger d’infanterie spécialisé dans le combat en forêt équatoriale.
L’équipe scientifique comprend, outre François-Michel Le Tourneau, deux botanistes, du CNRS Guyane et du Jardin botanique royal de Kew, et deux guides de forêt brésiliens. Ils seront accompagnés d’une section de marche comprenant une quinzaine de légionnaires du 3e régiment étranger d’infanterie, basé en Guyane à Kourou.
La mission se déroulera entre le 2 juin et le 20 juillet prochains, au cœur d’un espace naturel de plus de 80 000 km² couvert par deux parcs nationaux (le Parc amazonien de Guyane et le Parc national des Monts Tumucumac). Parcourir d’une seule traite ces sept bornes frontalières entre la Guyane française et le Brésil dans cette région reculée et non peuplée, au relief accidenté, est une première, souligne le CNRS (les missions précédentes duraient de 15 jours à 5 semaines et ne concernaient qu’une borne à chaque fois). Les bornes ont été installées dans les années 50 sur une ligne de 320 km allant du point de trijonction Brésil-Suriname-Guyane à la source de l’Oyapock (fleuve qui constitue l’autre tronçon de la frontière).

Impression

Les objectifs scientifiques de l’expédition sont nombreux. Il s’agit d’actualiser les connaissances sur cet espace isolé de 80 000 km2, mal connu et très difficile d’accès, « en améliorant notamment la cartographie de la région, précisant des points du tracé de la frontière, mais aussi en confrontant la situation actuelle aux récits des explorateurs du passé », souligne le CNRS. Les botanistes de l’expédition effectueront des relevés écologiques (succession des paysages, échantillonnage…), et réaliseront un inventaire géoréférencé des espèces indicatrices d’une occupation humaine.
François-Michel Le Tourneau a expliqué ces enjeux sur RFI .

Au plan militaire, le raid permettra de mener une mission de renseignement sur les activités humaines dans la zone frontière, de perfectionner les techniques de progression et de confirmer la capacité des légionnaires à durer en forêt profonde. Il s’agit aussi de «marquer à nouveau une présence française sur la frontière sud du département et de s’assurer, après 7 ans sans mission terrestre dans la zone, de l’absence de toute activité humaine illégale».
Les organisateurs soulignent enfin le caractère inédit de ce défi humain et sportif et, surtout, de ce partenariat entre le CNRS et les Forces Armées en Guyane, qui vont allier leurs compétences et partager leurs savoir-faire en matières d’orientation, de topographie et de vie en forêt profonde, «milieu extrêmement usant à moyen et long terme».

Pour suivre en direct l’avancée du raid, un blog a été créé sur CNRSlejournal.fr à consulter dès maintenant, dans lequel François-Michel Le Tourneau donnera régulièrement des nouvelles.

Le 3e Régiment étranger d’infanterie dans la forêt guyanaise. crédit: CCM 3e REI

Le 3e Régiment étranger d’infanterie dans la forêt guyanaise. crédit: CCM 3e REI

François-Michel Le Tourneau sur la borne 5 avec des guides de forêt. Crédit: FMLT

François-Michel Le Tourneau en 2011 sur la borne 5 avec des guides de forêt. Crédit: FMLT

Le Colonel Alain Walter, chef de corps du 3e Régiment étranger d’infanterie (3e REI) crédit: FAG

Le Colonel Alain Walter, chef de corps du 3e Régiment étranger d’infanterie (3e REI)
crédit: FAG