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Corruption : Le Chili et l’Uruguay se distinguent dans le classement de Transparency, le Brésil dégringole

La compagnie brésilienne  Petrobras au coeur d'un vaste scandale  de corruption
La compagnie brésilienne Petrobras au coeur d'un vaste scandale de corruption

Chili et Uruguay exceptés, la plupart des pays d’Amérique latine restent très vulnérables à la corruption, comme en atteste le rapport 2015 de Transparency International. Plombé par le scandale Petrobras, le Brésil est sérieusement rétrogradé. Quant au Venezuela, il fait partie des dix pays du monde les plus corrompus.

Transparency International rendait public aujourd’hui, à Berlin, son rapport annuel sur la corruption. Selon l’ONG allemande, « deux tiers des 168 pays évalués par l’indice de perception (1) de la corruption 2015 obtiennent une note inférieure à 50″, sur une échelle allant de 0 (perçu fortement corrompu) à 100 (perçu comme très peu corrompu). Sur la carte interactive ci-dessous, cliquer sur un pays pour voir son score (indice) et son rang :  

Sans surprise, le Danemark conserve la première place (suivi de près par les autres pays nordiques) tandis que la Corée du Nord et la Somalie ferment la marche. En ce qui concerne l’Amérique latine, le bilan reste très médiocre. Certes, le Chili conserve une bonne réputation et se situe au 23 ème rang, au même niveau que la France. L’Uruguay fait même mieux, à la 21 ème place.

En revanche, le  Brésil se fait remarquer dans cette édition 2015 en étant le pays enregistrant la plus forte baisse en un an. Le pays chute de 5 points (à 38) et de 7 places, relégué désormais au 76 ème rang (sur 168). En cause évidemment, les révélations concernant l’énorme scandale de pots de vin autour de la compagnie pétrolière nationale Petrobras, qui éclabousse les plus grandes entreprises de BTP du pays et la majeure partie de la classe politique, à commencer par le Parti des Travailleurs, au pouvoir depuis 12 ans. Le scandale qui continue de se développer est à l’origine d’une profonde crise de régime dans le pays. La présidente Dilma Rousseff n’est pas  _encore_ directement impliquée mais elle est soupçonnée d’avoir, au moins, laissé faire. Elle est en outre sous le coup d’une procédure de destitution (pour maquillage des comptes publics) qui n’aboutira sans doute pas mais l’affaiblit considérablement, d’autant qu’elle fait face depuis des mois à l’effondrement de sa popularité et à des manifestations réclamant son départ. Cependant, malgré l’ampleur de ce scandale, le fait que la police fédérale et la justice poursuivent sans faiblir et sans être entravés leur opération « Lava Jato » (karcher) est peut-être le signe d’un virage important dans la vie de ce pays où la corruption est inhérente à la vie politique.

La performance du Guatemala, petit pays d’Amérique centrale, est presque aussi mauvaise. Il ne perd certes que 4 points (28) mais recule de 8 places, au 123 ème rang. L’ONG salue néanmoins « la lutte des citoyens qui se sont mobilisés pour chasser du pouvoir des responsables corrompus ». Elle fait allusion au spectaculaire scandale de La Línea au sein des douanes, qui a entraîné la démission en 2015 du président Otto Pérez Molina et la tenue de nouvelles élections en septembre, sans d’ailleurs calmer l’indignation des citoyens qui ont continué de manifester et ont d’ailleurs fini par élire un comique, Jimmy Morales, comme un pied de nez à toute la classe politique. Une mobilisation citoyenne a aussi émergé au Salvador et au Honduras. Quant au Venezuela, pays au bord du chaos, il campe toujours dans les profondeurs du classement, à la 158 ème place. La victoire de l’opposition aux législatives de décembre fragilise le président chaviste Maduro mais n’offre encore aucune visibilité sur le futur proche du pays , frappé de plein fouet par la chute des prix du pétrole.

« Nous avons relevé deux tendances fortes dans les Amériques en 2015 , a déclaré Alejandro Salas, directeur de la zone au sein de l’ONG : la découverte de vaste réseaux de corruption et la mobilisation citoyenne très forte contre cette corruption « . Pour lui, les scandales Petrobras et La Línea sont emblématiques de cette tendance. Il appelle aujourd’hui les Etats concernés à s’attaquer aux causes du mal pour réduire l’impunité.

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(1) L’indice de perception de la corruption est élaboré à partir de l’opinion d’experts sur la corruption dans le secteur public. « Les pays obtenant une note élevée disposent souvent, explique Transparency, d’une administration transparente permettant aux citoyens de demander des comptes à leurs responsables. À l’inverse, une mauvaise note est le signe d’un recours systématique à des pots-de-vin, de l’absence de sanctions en cas de corruption et d’une inadéquation entre les prestations de l’administration et les besoins de la population ». Les pays les mieux classés, on trouve « liberté de la presse, ouverture des données sur les comptes publics, haut degré d’intégrité des responsables publics, équité de la justice indépendamment de la position sociale des citoyens et indépendance des institutions judiciaires ». A l’opposé , la guerre, une faible gouvernance, la fragilité des institutions et des médias se retrouvent dans la dernière partie du classement.