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Total met 2,2 milliards de dollars sur la table pour renforcer sa présence au Brésil

C’est la suite logique de la grande alliance passée avec Petrobras en octobre dernier. Total vient d’annoncer le rachat d’actifs amont et aval à la compagnie pétrolière brésilienne pour «une valeur globale d’environ 2,2 milliards de dollars, composée de cash, de portage et de paiement conditionnels». Le groupe pétrolier français précise dans son communiqué qu’il sera associé à Petrobras «sur deux licences de haute qualité du «pré-sel» du bassin de Santos, déjà riche en découvertes»: il acquiert ainsi 22,5% des champs dits « Lara », actuellement en développement, et 35% du champ « Lapa » , qui vient d’entrer en production. Dans le cadre de cet accord, Total devrait par ailleurs céder à Petrobras 20% d’un bloc d’exploration qu’il a obtenu au Mexique. Objectif: «conjuguer leur expertise» de l’offshore profond pour développer des solutions techniques en commun.

Par ailleurs, le groupe français va racheter à Petrobras 50% de deux usines de co-génération électrique dans la région de Bahia et « des capacités de transport par pipeline lui permettant de fournir en gaz les deux usines».

Dès octobre, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, s’était réjoui de ces accords donnant accès au groupe «aux ressources remarquables du pré-sel et en lui permettant d’intégrer la prometteuse chaîne intégrée du gaz du pays». Les perspectives sont d’autant plus alléchantes qu’une loi brésilienne de novembre dernier lève l’obligation pour chaque investisseur étranger de laisser à Petrobras 30% de tout contrat d’exploration dans le pré-sel, lui laissant désormais la possibilité de répondre seul aux prochaines enchères. Or, on le sait depuis leur découverte en 2006, ces gisements pré-salifères enfouis à une profondeur de 2000 à 5000, voire 7000 mètres, sous une épaisse couche de sel, sont énormes : les réserves sont estimées à quelque 100 milliards de barils.

Un potentiel que Petrobras ne peut exploiter seul, et ne peut même plus piloter, tant sa situation est fragilisée. Au cœur du scandale de corruption qui secoue le pays depuis plus de deux ans, le groupe fait face à un endettement massif, et donc à un plan drastique d’économies (passant par 25% de réduction de ses investissements 2017-2021). Un partenariat avec Total (qui pourrait être étendu au raffinage et à la distribution de carburants) est donc le bienvenu, autant pour mutualiser moyens et technologies que pour redonner confiance aux investisseurs. Quant au groupe français, l’accord lui permet de s’asseoir solidement sur les réserves parmi les plus prometteuses du monde.

Total est présent dans le pays depuis plus de 30 ans et y emploie plus de 2500 personnes, dans cinq filiales. Les deux groupes participent déjà ensemble à 15 consortiums internationaux dans l’exploration et la production, dont 9 au Brésil. Ils sont notamment partenaires dans le développement du gisement brésilien Libra et celui du champ Chinook, dans le golfe du Mexique.