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Qui est BTG Pactual, qui s’est offert cinquante minutes de Nicolas Sarkozy ?

Joli coup de pub pour la société brésilienne BTG Pactual. La première banque d’investissement d’Amérique latine a invité jeudi Nicolas Sarkozy à intervenir hier lors d’une conférence de prestige à l’Hotel Waldorf Astoria à New York. L’ancien président de la République française s’y est exprimé sur la crise européenne pendant une cinquantaine de minutes. L’objectif de cette «BTG Pactual 2012 LatAm CEO Conference», était de permettre à des investisseurs de rencontrer les dirigeants des grandes entreprises d’Amérique du Sud. Intervenait également Alan Garcia, l’ancien président du Pérou.

Que cet intervenant de luxe ait été rémunéré à 100.000 dollars ou plus selon les sources, ce n’est rien pour la banque (surnommée la Goldman Sachs des Tropiques par le Financial Times), qui souhaite désormais se donner une image chic et internationale, correspondant à ses ambitions mondiales. Valorisée autour de 15 milliards de dollars, elle a réussi à lever en avril dernier 1,9 milliard de dollars à la Bourse de Sao Paulo, via la plus grosse IPO de l’année dans le monde, selon Reuters. Des fonds qui doivent précisément lui servir à financer son développement hors du Brésil.

Son patron est Andre Esteves, un quadra milliardaire qui a bâti son succès sur une série de coups de pokers financiers. Il a créé la banque Pactual en 1983, l’a vendu plus de 3 milliards de dollars en 2006 au suisse UBS, la lui a rachetée 600 millions de moins trois ans plus tard quand UBS était englué dans la crise et les scandales et l’a fusionnée à la nouvelle société qu’il avait créée, BTG. Avant d’ouvrir fin 2010 son capital à des fonds souverains (Chine, Singapour, Abu Dhabi) et aux familles Rothschild et Agnelli, valorisant ainsi la banque à près de 10 milliards de dollars.

Star du Brésil des affaires et proche de la BNDES (la très puissante banque nationale publique d’investissement), Andre Esteves repère et fonce sur les opportunités avec imagination et sans le moindre état d’âme. Exemples, le rachat de la banque en quasi faillite Panamericano, ou la tentative avortée de rapprochement entre Carrefour et le premier distributeur brésilien Pão de Açúcar (avec en contrepartie son entrée au capital du groupe français), pourtant allié de longue date à Casino. Celui-ci a néanmoins réussi à bloquer le projet et pris récemment le contrôle de Pão de Açúcar.

Qu’importe, le patron de BTG Pascual affiche des actifs de près de 100 milliards de dollars , via des rachats dans la banque, l’immobilier ou le courtage (la société Celfin). Hyper actif sur les M&A mais aussi dans la gestion de portefeuilles, il n’a pas hésité à installer une partie de ses activités aux Bermudes et poursuit tambour battant son objectif de devenir incontournable, voire leader dans les pays émergents. En mai dernier, il a ainsi annoncé le lancement d’un fonds d’investissements pour l’Afrique d’un milliard de dollars. Opération très importante, qui s’inscrit dans la stratégie du Brésil de resserrer ses liens avec le continent africain.