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Projet routier du Tipnis : les Indiens poursuivent leur marche de protestation

La marche vers La Paz du millier d’Indiens boliviens, qui protestent contre un projet de route traversant le parc national de Tipnis situé au centre du pays, a repris, malgré la décision la semaine dernière du président Evos Morales de suspendre ce projet auquel il tient pourtant beaucoup. Une décision qu’il a prise sous la contrainte après la vague d’indignation suscitée par la violente répression policière contre les marcheurs _ parmi lesquels des femmes et de jeunes enfants_ dimanche 25 septembre à Yucumo. Trois membres du gouvernement ont déjà démissionné, dont la ministre de la Défense Cecilia Chacon, en signe de protestation contre ces exactions, mais aussi le ministre et le vice-ministre de l’Intérieur. La route de 300 km couperait en deux la forêt primaire, terre de 50.000 indiens. Elle serait essentiellement financée par le Brésil (via la BNDES) et construite par la compagnie brésilienne OAS. L’intérêt de cet axe est en effet, non seulement de mieux relier entre elles les régions boliviennes, mais surtout le Brésil avec la Bolivie et avec les ports péruviens du Pacifique. Les habitants craignent l’impact environnemental de la route, mais aussi qu’elle ne facilite l’implantation sur leur territoire de planteurs de coca, toujours très soutenus par leur ancien leader syndical devenu président. Ce dernier, lui-même indien aymara, a demandé pardon pour une répression qu’il dit n’avoir pas autorisée, et promis une consultation prochaine dans les départements de Cochabamba et de Béni. Non sans accuser les marcheurs d’arrière-pensées politiques pour faire échouer des élections de responsables judiciaires le 16 octobre. Les manifestants du Tipnis espèrent arriver à La Paz le 12 octobre au terme de 600 km de marche. Date à laquelle Morales a convié ses partisans indiens et cocaleros du Chapare à venir le soutenir massivement dans la capitale bolivienne. Au risque de nouveaux heurts.