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Le Venezuela a un mois pour désigner le successeur de Hugo Chavez

Nicolas Maduro et Daniel Ortega (Nicaragua) devant le cercueil de Hugo Chavez
Nicolas Maduro et Daniel Ortega (Nicaragua) devant le cercueil de Hugo Chavez

Décédé le 5 mars dernier, El Comandante continuera de faire planer son ombre tutélaire sur la vie politique du pays, alors que la bataille pour sa succession a démarré, les élections ayant été fixées au 4 avril prochain.

Emotion et solennité maximales vendredi à Caracas. Les funérailles du président vénézuélien Hugo Chavez, décédé mardi soir à 58 ans des suites de son cancer, ont été célébrées dans le plus grand décorum, au milieu d’une foule compacte de fervents chavistes en chemise rouge venus rendre un dernier hommage à leur Comandante. Trente deux chefs d’Etat ont fait le déplacement dont la quasi totalité des dirigeants latino-américains ( droite et gauche mêlées) mais aucun des Etats-Unis ou d’Europe (à l’exception du prince héritier espagnol Felipe) qui ont envoyé de simples représentants. Il y avait en revanche deux amis très controversés du président défunt, l’Iranien Mahmoud Ahmadinejad et le Biélorusse Alexandre Loukachenko.

Le cercueil recouvert du drapeau jaune, bleu et rouge étoilé du Venezuela était exposé à l’Académie militaire et le vice-président Nicolas Maduro y a déposé une réplique de l’épée en or du « Libertador Simon Bolivar », la référence absolue de Chavez. La dépouille du président y restera encore une semaine avant d’être « embaumé comme Hô Chi Minh, comme Lénine, comme Mao Tsé-toung », a annoncé Nicolas Maduro. Il sera ensuite exposé dans un cercueil de verre au futur Musée de la révolution bolivarienne, dans une ancienne caserne militaire (fameuse car c’est là d’où Chavez a lancé son coup d’Etat avorté en 1992). Ce, « pour qu’il reste visible éternellement, que le peuple puisse l’avoir avec lui dans son musée de la Révolution ». Ainsi, le gouvernement entend-il faire perdurer le culte de la personnalité dont Hugo Chavez a fait l’objet durant ses 14 années de pouvoir.

Et maintenant ?

Cela contribuera aussi, sans doute, à entretenir l’émotion soulevée par sa mort dans les classes populaires, durant la campagne électorale express qui s’annonce puisque, comme le prévoit le petit livre bleu de la Constitution bolivarienne, des élections doivent se tenir dans les 30 jours pour désigner le successeur du Comandante. Dès vendredi soir, la politique a d’ailleurs repris ses droits et la bataille pour la succession du leader charismatique a commencé.

Si le déroulement de la procédure pour les prochaines semaines parait déjà bien orchestré_ la maladie du Comandante ayant laissé le temps au pouvoir de préparer sa succession _ l’incertitude reste grande concernant l’avenir de la « révolution socialiste du XXIème siècle » après la disparition de son créateur charismatique, alors que le pays connait de graves difficultés économiques et un climat d’insécurité croissant.

Voir sur Slate l’analyse de la situation

Le Tribunal suprême ayant estimé que Nicolas Maduro pouvait devenir président par intérim et se présenter à la prochaine présidentielle politique, celui-ci a aussitôt prêté serment et annoncé avoir demandé au Conseil électoral national (CNE) de «convoquer immédiatement l’élection présidentielle». L’opposition, restée en retrait par décence depuis la mort de Hugo Chavez, a dégainé aussitôt. Son jeune chef Henrique Capriles (qui fut le candidat unique de l’opposition aux élections d’octobre) a accusé les chavistes d’abus de pouvoir, qualifiant de « fraude constitutionnelle » la prise de fonction de Nicolas Maduro, estimant que ce rôle revenait au président de l’Assemblée Nationale.

Dès samedi, le CNE a annoncé que l’élection se tiendrait le dimanche 14 avril prochain. Même si Nicolas Maduro est confronté à des rivalités internes, il est fort probable qu’il sera le candidat du PSUV (le parti chaviste). Dauphin désigné par Hugo Chavez lui-même _ avant de repartir à Cuba en décembre pour une nouvelle opération, celui-ci avait exhorté son peuple à voter pour lui _ il n’a cessé depuis des semaines de se mettre dans les pas de son mentor, reprenant sa rhétorique anti-américaine et se livrant, lors des ses funérailles, à un discours fleuve faisant de Chavez une description quasi christique. Il a également déjà nommé un ultra proche à la vice-présidence, en la personne du ministre des Sciences Jorge Arreaza, époux de la fille aînée de Chavez, Rosa Virginia. De son côté, l’opposition qui tente de remobiliser ses forces au sein de sa coalition, la MUD, fédérant partis de centre gauche et de droite, a déjà fait savoir qu’elle choisissait de nouveau Henrique Capriles, 40 ans, gouverneur de l’Etat de Miranda, pour l’affronter