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Le premier brasseur mondial AB Inbev avale la Corona

Corona

Déjà ultradominant au Brésil, le leader mondial de la bière devient incontournable au Mexique, deuxième économie latino-américaine, en rachetant pour 16 milliards d’euros, les 50% de Grupo Modelo, fabricant de la célèbre marque Corona, qu’il ne détenait pas encore.

Anheuser-Busch InBev , le numéro un mondial de la bière , a annoncé le 29 juin dernier, l’acquisition de la moitié du brasseur mexicain Grupo Modelo qu’il ne détenait pas encore, pour le montant impressionnant de 20,1 milliards de dollars (16 milliards d’euros). AB InBev détenait jusqu’à présent 50% du capital mais seulement 43,9% des actions à droit de vote de Modelo, le solde étant contrôlé par la famille fondatrice et d’autres familles.

L’accord trouvé entre le brasseur belge et les actionnaires mexicains met fin à un conflit né du rachat d’Anheuser-Busch (AB) par InBev en 2008. Modelo, dont la moitié du capital était alors détenue par AB, avait saisi la justice, au motif qu’il n’avait pas été consulté sur cette opération. Il a perdu son procès et la justice a même autorisé Inbev à monter au capital de Modelo, mais le PDG du brasseur mexicain Carlos Fernandez avait rétorqué en 2010 que les actionnaires familiaux ne vendraient pas leurs parts.

Deux ans plus tard, la victoire d’AB InBev est totale, certes au prix fort (une prime d’environ 30% par rapport au dernier cours de clôture du 22 juin selon le groupe). AB InBev précise à ce sujet avoir obtenu 14 milliards de dollars de facilités bancaires pour financer la transaction, réalisée intégralement en numéraire. Il promet de ramener à 2, d’ici fin 2014, son ratio dette nette / Ebitda .

Le numéro un mondial, détenteur de centaines de marques dont les célèbres Budweiser, Stella Artois ou Jupiler, ajoute ainsi à son portefeuille la prestigieuse Corona Extra, bière la plus vendue au Mexique et la plus importée aux Etats-Unis. Avec Modelo, fondé en 1925, il absorbe aussi le premier brasseur du Mexique, qui contrôle quasiment la moitié du marché national face à Heineken, qui s’arroge l’autre moitié via sa filiale FEMSA Cerveza.

Le groupe annonce dans le même communiqué que Modelo vendra sa participation de 50% dans la coentreprise Crown Imports à son partenaire Constellation Brands pour 1,85 milliard de dollars. Crown Imports est le distributeur des bières Modelo aux Etats-Unis aux termes d’un accord qui court jusqu’à la fin 2016. Si AB InBev avait racheté Constellation et distribué lui-même sa propre bière, sa part du marché américain aurait dépassé 50%, ce qui aurait été bloqué par les autorités de la concurrence.

Deux piliers au Brésil et au Mexique

Avec ce nouveau rachat _ qui s’inscrit dans le mouvement quasi perpétuel de concentration de la brasserie dans le monde_ AB InBev porte sa production totale de bière à 400 millions d’hectolitres par an et son chiffre d’affaires 2012 à 47 milliards de dollars, réalisé dans 24 pays grâce à 150.000 salariés.

Le géant de la bière est déjà puissant en Amérique du Nord, mais aussi du Sud où il contrôle quelque 70% du marché brésilien depuis la fusion, en 2004, du belge Interbrew et du brasseur brésilien Companhia de Bebidas das Americas, pour former InBev. Avec le rachat de Modelo, il se renforce dans l’autre grande économie latino-américaine, sur un marché mexicain en hausse de quelque 3% par an, où il a d’ailleurs de grands projets. Il annonce ainsi viser des synergies annuelles d’au moins 600 millions de dollars. L’objectif est notamment de faire de Corona une marque mondiale au même titre que la Bud ou Stella Artois .

Le pdg Carlos Fernandez a reconnu dans le communiqué commun« qu’il était temps de consolider nos relations grâce à cette fusion». InBev a promis que le nom de Grupo Modelo serait conservé ainsi que le siège de Mexico et un conseil d’administration local où Carlos Fernandez et d’autres dirigeants « joueraient un rôle important ».
Pou AB InBev, « le Mexique est un marché attractif aux investissements, présentant de solides bases macroéconomiques et un profil démographique favorable ». Il ajoute que « la bière y reste la plus grande sous-catégorie de boissons alcoolisées avec 70 % de part en valeur, représentant environ 22 milliards de dollars de vente au détail en 2011». Le groupe belge salue aussi la progression du taux d’urbanisation et d’une classe moyenne fortement consommatrice, un PIB par habitant « parmi les plus élevés des pays en développement  » et une croissance économique «de 4,6% au premier trimestre 2012 », s’attendant à ce que « cette solide croissance se poursuive à long terme, stimulant ainsi la consommation privée ».

Cette confiance affichée dans l’avenir porteur de cette zone émergente latino-américaine avait trouvé en avril une autre illustration avec le rachat par le numéro un mondial de 51% du brasseur dominicain Cerveceria Nacional Dominicana pour 1,2 milliard de dollars.