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Le Brésil fait encore rêver les entreprises françaises

São Paulo
São Paulo

Une cinquantaine de chefs d’entreprise français est en mission dans plusieurs métropoles brésiliennes, preuve de l’intérêt que suscite toujours, même engluée dans la crise et les scandales, la première économie latino-américaine.

Plus de 50 dirigeants d’entreprises françaises sont, depuis ce lundi et jusqu’au 6 décembre, en déplacement à Sao Paulo, Brasilia, Rio de Janeiro et Niteroi. Cette délégation est conduite par le Medef International, et notamment par son conseil France-Brésil, présidé par Alexis Duval. Ce dernier est aussi président du directoire du groupe coopératif sucrier Tereos, qui réalise près du tiers de son chiffre d’affaires au Brésil.

Des multinationales comme Alstom, Engie ou Air Liquide, de grosses PME comme Citélum (éclairage publique) et des acteurs de la french tech font partie de la délégation, où sont représentés de nombreux secteurs : transport et infrastructures, eau, déchets,  santé, énergie, nouvelles technologies, agroalimentaire, banque, aéronautique…). Une diversité qui atteste de l’intérêt que suscite toujours le Brésil malgré la profonde crise économique qu’il traverse depuis trois ans. Et, surtout, malgré le chaos politique et moral dans lequel il est plongé depuis l’explosion du tentaculaire scandale de pots de vin dit « lava jato » et le psychodrame de la destitution de la présidente Dilma Rousseff en 2016.
Ces soubresauts ont d’ailleurs dissuadé quelques ténors du CAC 40 de se joindre à la délégation. Malgré tout, le nombre et la qualité des participants montrent qu’une bonne partie du monde des affaires considère toujours la première économie latino-américaine comme une source d’opportunités.
Neuf cents entreprises tricolores employant 500 000 salariés y sont actuellement présentes, faisant de la France le quatrième investisseur du pays. Une présence qui ne s’est pas démentie malgré la crise. L’Oréal a inauguré cette année son nouveau siège social et un centre de recherche à Rio (même s’il a aussi annoncé son intention d’y fermer une usine d’ici la fin 2018), Total lance ces jours-ci avec Petrobras son méga projet d’extraction de pétrole en off shore profond au large de Rio, Renault a lancé cette année sa Kwid dont il compte produire 130.000 unités l’an prochain dans son usine brésilienne de Curitiba

Repenser l’accès aux financements

Ce déplacement s’inscrit dans la continuité des relations de business de longue date des deux pays, et coïncide avec le Forum économique France-Brésil à Brasilia.
Lundi, la délégation a rencontré le maire de São Paulo João Doria et le gouverneur de l’Etat de SP Geraldo Ackmin, tous deux de centre droit et « précandidats » à la présidentielle de 2018, le second venant d’être adoubé par le PSDB pour le représenter.

Des rendez-vous d‘affaires, des rencontres avec des ministres et des représentants ministériels, des réunions avec les homologues du Medef au niveau national (CNI) ou régional (FIESP à Sao Paulo, FIRJAN à Rio) doivent permettre de faire le point sur les conditions du retour de la croissance (après deux ans de récession, le pays pourrait, selon un consensus d’économistes, afficher pour 2017 une hausse du PIB de 0,7%), mais aussi sur les questions de sécurité devenues très aigües, ou sur la légendaire complexité de l’administration brésilienne. L’intérêt  croissant du Brésil _ dont les mégalopoles étouffent de plus en plus_  pour les thèmes liées à la ville durable, représente par ailleurs un atout clé pour bon nombre d’acteurs français experts de ces questions (le président de la task force ville durable au Medef, Gérard Wolf, est d’ailleurs du voyage).


Mais la question du financement des investissements reste l’un des sujets majeurs de la mission, explique-t-on au Medef International. Des rencontres avec les différents bailleurs de fonds présents au Brésil sont prévues, à commencer par Proparco, filiale de l’AFD dédiée au développement du secteur pri-vé. Le maire de la ville de Niteroi, que la délégation doit rencontrer, est ainsi parti-culièrement demandeur d’une collaboration avec l’AFD.

A l’heure où la fameuse banque brésilienne de développement, la BNDES, secouée elle aussi par les scandales, est en pleine réorganisation, l’accès aux financements est un enjeu crucial, et l’investisseur doit désormais venir avec ses propres bailleurs de fonds.

Absence de l’Etat

L’ambassade de France au Brésil a certes largement contribué à l’organisation de cette mission. En revanche, aucun représentant de l’Elysée, ni du Quai d’Orsay, ni même de Bercy ne s’y est ni joint, ni même intéressé, ce qui est rare dans ce type de déplacement. « On se sent vraiment tout seul », remarque, désabusé, un des organisateurs de la mission. La diplomatie économique reste une priorité à géométrie variable.