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L’appétit d’ogre de la Chine à l’égard de l’Amérique latine

Le sommet entre la Chine et la Celac (Communauté des États latino-américains et des Caraïbes, qui regroupe 33 pays) s’est tenu hier à Pékin. A l’ouverture de cette réunion, le président chinois Xi Ping a vite donné le ton en promettant 250 milliards de dollars d’investissements chinois en Amérique latine à l’horizon 2025, et en souhaitant que durant la même période, le commerce entre la Chine et le sous-continent atteigne 500 milliards de dollars. «Les discussions sur l’accroissement de la coopération seront déterminantes pour renforcer notre intégration avec l’Amérique latine ces cinq prochaines années, dans des domaines tels que la sécurité, le commerce, la finance, les technologies, les ressources énergétiques, l’industrie et l’agriculture», a-t-il ajouté. Ces chiffres impressionnants avaient été évoqués par le dirigeant chinois lors de sa tournée latino-américaine en juillet _ au Brésil, en Argentine, au Venezuela et à Cuba. Il s’était d’ores et déjà engagé sur des prêts et des investissements d’un montant total de 70 milliards de dollars.
En quelques années, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du sous-continent. Elle lui achète massivement ses matières premières énergétiques, minières et agricoles _ même si le ralentissement de sa croissance fait désormais baisser les cours_ et lui vend tout aussi massivement ses produits manufacturés. Elle y est aussi un gros investisseur avec, selon le FMI, quelque 102 milliards de dollars de stocks d’IDE; l’un de ses grands bailleurs de fonds et un soutien financier stratégique pour les pays proches politiquement, tels que le Venezuela, l’Argentine ou Cuba.
Difficile de ne pas voir dans cette offensive, outre ces objectifs économiques, un souhait non avoué de venir titiller Washington jusque dans son arrière-cour historique (bien qu’un peu délaissée aujourd’hui). Des visées politiques qui ont de quoi faire réfléchir si l’on songe au « démarrage officiel », en décembre dernier, du fameux canal du Nicaragua, en présence de Daniel Ortega, président du pays et d’un certain Wang Jing, homme d’affaires mystérieux ayant fait fortune dans les télécoms, qui prétend financer ce projet pharaonique à 50 milliards de dollars (à comparer avec le PIB du Nicaragua n’excédant pas 10 milliards) censé être construit en 5 ans et concurrencer le canal de Panama. Son consortium HKND, tout aussi mystérieux, n’ayant pas la moindre expertise dans le génie civil, les doutes les plus sérieux planent sur la faisabilité du projet, et sur les intentions réelles de ce Wang Jing. A moins, évoquent certains, qu’HKND ne soit qu’un faux nez du régime chinois…