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Lancement d’une onzième usine: vingt ans de lune de miel entre Safran et le Mexique

Avec 6000 salariés, Safran est le premier employeur aéronautique du Mexique
Avec 6000 salariés, Safran est le premier employeur aéronautique du Mexique

Le motoriste français a inauguré hier à Queretaro son dixième site mexicain. Il y a aussi annoncé la construction, en partenariat avec Albany, d’une onzième usine, dédié à la fabrication de pièces pour son moteur LEAP. Des investissements qui confirment la place exceptionnelle du Mexique pour Safran, désormais son troisième pays d’implantation, derrière la France et les Etats-Unis.

Philippe Petitcolin, directeur général de Safran, a inauguré le 11 février dernier, à Querétaro, au centre du Mexique, un site de réparation de pièces de moteurs CFM56 qui est aussi, toutes filiales confondues, sa dixième usine construite en 20 ans sur le sol mexicain. Conçu et développé conjointement par Safran et General Electric via leur coentreprise CFM International, le moteur CFM56 domine aujourd’hui le segment du moyen-courrier. Cette dixième usine, opérationnelle depuis février 2015,  emploiera 150 personnes à terme contre 75 aujourd’hui.

Le directeur général du motoriste français a profité de l’occasion pour annoncer la construction, toujours à Queretaro, d’une nouvelle usine de pièces en matériaux composites pour le moteur LEAP (qui doit équiper les A320neo et 737 MAX, versions remotorisées des moyen-courriers d’Airbus et Boeing). Créé avec son partenaire américain Albany, le futur site (75 millions de dollars d’investissement) sera construit sur le modèle de ceux de Rochester (New Hampshire, inauguré en mars 2014) et de Commercy dans la Meuse (novembre 2014). Cette décision répond aux commandes record qu’a reçues le groupe : « plus de 10 000 moteurs LEAP commandés à date, avant même l’entrée en service prévue dans quelques mois » mais aussi « des hausses des cadences de production demandées par les avionneurs». Le site produira à partir de la fin 2017 des aubes de soufflantes en matériau composite tissé 3D, principalement à destination du marché américain pour le moteur LEAP 1B destiné aux 737 MAX,  l’usine de Commercy étant surtout dédiée aux moteurs d’Airbus, en Europe. Le nouveau site bénéficiera également de la proximité de Snecma Mexico et du site industriel d’Albany à Cuautitlan (Etat de Mexico) précise le groupe. Les volumes de production doivent augmenter fortement en 2018 pour atteindre en 2021 une production annuelle de plus de 20.000 aubes.

Cette accélération des cadences est destinée à répondre au plan de charge très soutenu du motoriste : il table en effet sur la livraison d’une centaine de moteurs en 2016, 500 en 2017, 1.200 en 2018, 1.800 en 2019 et 2.000 en 2020. Près de 500 emplois seront créés à terme.

 

Le Mexique, troisième pied de Safran après la France et les Etats-Unis

C’est donc le Mexique qui a été choisi pour relever ce défi industriel. Safran y est présent depuis 1996, avec le rachat d’une usine de câblage à Chihuahua, dans le nord du pays. L’usine qui travaillait déjà pour Lockheed Martin, a vite allongé la liste de ses clients à Airbus, Boeing, Dassault, Embraer et Bombardier. Aujourd’hui, ce site de Labinal (5 usines) est le plus grand centre de fabrication de câblage aéronautique du monde, fournissant 95% des câbles du 787 de Boeing et 75% de ceux de l’A380. Snecma y a ensuite implanté une usine de pièces de moteurs d’avions, Messier-Bugatti-Dowty un site de fabrication d’éléments de trains d’atterrissage. En 10 ans, les groupe a investi dans le pays plus d’un milliard d’euros depuis 10 ans.  Philippe Petitcolin rappelle que Safran est, « dans le secteur aéronautique mexicain, le premier investisseur et le premier employeur industriel, avec près de 6.000 collaborateurs ». Et le Mexique est devenu le troisième pays d’implantation de Safran, après la France et les Etats-Unis. Il faut dire que les atouts du pays sont nombreux : la proximité géographique avec les Etats-Unis, la priorité clairement donnée par le gouvernement mexicain au secteur aéronautique dans le cadre du développement industriel du pays, mais aussi (surtout?), une main-d’oeuvre qualifiée et peu chère : selon le groupe, cet investissement lui permet ainsi de réduire le coût moyen de production des aubes de l’ordre de 20 à 30%…