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La première ressource de Cuba à l’export, c’est sa matière grise

Cinq jours après le retrait officiel _ et attendu_ de Cuba de la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, Jérôme Leleu, jeune doctorant du CEMI (Centre d’Etudes des modes d’industrialisation) et dont le sujet actuel de recherche porte sur « le rôle de l’Etat et les finances publiques à Cuba », évoque les conséquences pour le pays de cette nouvelle étape du rapprochement avec Washington, et les défis qui l’attendent encore, dans une intéressante interview au quotidien « Libération » .Extraits.

« La présence sur cette liste empêchait Cuba d’emprunter auprès des organismes internationaux. Pour autant, le pays ne va pas avoir librement accès au crédit. D’abord parce que les contraintes liées à l’embargo américain, toujours en vigueur, se superposent à celles de la liste. Ensuite, en raison de l’endettement de Cuba. Ces dernières années, La Havane a rééchelonné sa dette avec le Mexique, le Japon ou la Russie. Et renégocie en ce moment avec le Club de Paris».

« La première source de devises en 2014 a été l’envoi de médecins, d’enseignants et d’ingénieurs à l’étranger : ces «missions» ont rapporté 7 milliards de dollars, contre 5 en 2013. Les experts cubains sont présents au Venezuela, au Brésil, en Equateur, en Bolivie, au Nicaragua et en Afrique. [Le Brésil, précise Libé, accueille 11 500 professionnels de la santé cubains, le Venezuela 22 000 (et 8 000 ingénieurs)]. L’Etat brésilien verse chaque mois à Cuba 10 000 reals [2 900 euros] par médecin, dont un tiers revient à l’expatrié. Les envois d’argent de la part des Cubains de l’extérieur sont la deuxième source de devises (2 à 3 milliards de dollars), devant le tourisme (2 milliards), les médicaments et les biotechnologies (800 millions)».

Concernant le projet d’unification monétaire : «Le processus reste opaque. Actuellement, les entreprises cubaines peuvent changer 1 peso cubain contre 1 dollar, alors que le particulier doit débourser 24 pesos. La réforme consisterait à fixer un taux intermédiaire, ce qui serait néfaste pour les importations, dont le pays a besoin : 70% de la consommation alimentaire vient de l’étranger. Pour éviter les conséquences sociales, l’Etat devrait alors subventionner les entreprises. C’est un paradoxe : pour développer le marché, l’Etat doit être davantage présent. Mais la réforme monétaire favoriserait les exportations».