Argentine  » Entreprises

La banque chinoise ICBC attaque l’Amérique latine par l’Argentine

Le siège de la banque ICBC à Tianjin
Le siège de la banque ICBC à Tianjin

 

En prenant le contrôle des filiales argentines du sud-africain Standard Bank, le géant chinois _numéro un mondial de la banque par la capitalisation_ fait son entrée sur le sous-continent, où il nourrit de grandes ambitions en Argentine et au Brésil, notamment pour accompagner les investisseurs chinois.

On l’attendait à Sao Paulo. Le chinois ICBC (Industrial & Commercial Bank of China), leader bancaire mondial en termes de capitalisation et de rentabilité, veut toujours s’implanter au Brésil mais, opportunité oblige, c’est via l’Argentine que va se faire son débarquement sur le continent latino-américain. Il va en effet débourser 600 millions de dollars (420 millions d’euros) pour acquérir 80% des filiales argentines de la banque sud africaine Standard Bank (Standard Bank Argentina, Standard Investments et Inversora Diagonal). Ces trois établissements étaient détenus à 75% par la banque sud-africaine _ qui n’en conserve plus que 20% _ et à 25% par la holding néerlandaise W-S De Inversiones, qui vend toutes ses parts.

Pour les deux groupes, il s’agit d’une bonne affaire. La banque chinoise est le premier actionnaire de Standard Bank, dont il détient 20% depuis 2008. Or, Standard Bank veut se recentrer sur ses marchés historiques d’Afrique et peut donc, par cette opération, s’en donner les moyens. ICBC pour sa part, fait ainsi une entrée remarquée en Amérique latine _ sous-continent sur lequel la Chine investit massivement depuis plusieurs années _ en s’octroyant d’office un réseau de 103 agences sur un marché argentin en plein essor (9,1% de croissance du PIB en 2010).

Compte tenu de l’appétit pantagruélique que le groupe chinois manifeste actuellement, cette acquisition peut sembler mineure. En quelques mois en effet, il a ouvert cinq succursales en Europe _ dont la France _ deux autres au Pakistan, une bientôt à Bombay…. Et a dépensé en quatre ans quelque 6 milliards de dollars en acquisitions, ne cachant pas son intention de porter ses actifs à l’étranger de 4 à 10% de ses profits d’ici 2016.

Servir de tremplin

Mais il faut surtout voir dans cette opération le premier pas d’un puissant groupe financier, déterminé à accompagner et encourager l’essor des échanges entre la région et la Chine. Pékin est déjà le deuxième partenaire commercial de Buenos Aires et, depuis cette année, le premier du Brésil, devant les Etats-Unis. Un boom lié à la demande chinoise toujours croissante de matières premières agricoles. Parallèllement, on assiste dans ces deux pays à une montée en flèche des IDE chinois. La Chine est ainsi devenue l’an dernier le premier investisseur étranger au Brésil, à coup d’opérations majeures _ tel le rachat par Sinopec de Repsol Brazil _ tandis que ses IDE dans l’Argentine voisine bondissaient également, le même Sinopec ayant ainsi racheté le groupe pétrolier Occidental pour 2,4 milliards de dollars en décembre dernier. Quelques mois auparavant, China National Offshore Oil Corp (Cnooc) mettait 3,1 milliards de dollars sur la table en échange de 50 % de l’opérateur gazier et pétrolier argentin Bridas Corporation. D’abord très axés sur les ressources naturelles, priorité absolue de Pékin, ces investissements se diversifient peu à peu à d’autres industries, et donc au secteur bancaire. Car si ICBC entend servir de tremplin à ses compatriotes, il compte aussi faire rapidement progresser sa part de marché en Argentine. Il a ainsi annoncé son intention, dès le feu vert des autorités de Buenos Aires au rachat, d’investir 100 millions de dollars supplémentaires dans Standard Bank of Argentina.