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Hausse record du salaire minimum brésilien sur fond de tassement de la croissance

Face à la crise profonde que traversent les Etats-Unis et plus encore l’Europe, les pays émergents tentent de soutenir leur demande intérieure pour endiguer le ralentissement de leurs économies. C’est particulièrement vrai au Brésil, qui mise depuis de plus en plus sur son vaste marché intérieur. La hausse annuelle du salaire minimum a été une constante durant les deux mandats de Lula, qui avait fait de la lutte contre la pauvreté une de ses priorités essentielles. Un an après son arrivée au pouvoir, la présidente Dilma Rousseff poursuit cette politique, avec une ampleur sans précédent puisque la hausse, entrée en vigueur au premier janvier 2012, atteint 14%, portant le salaire minimum à 622 reais (près de 260 euros). Depuis 2002, l’augmentation est de 66% (sachant qu’on partait de très bas). En comptant une dizaine de millions de salariés, mais aussi les retraités dont la pension est indexée sur le salaire minimum, un quart de la population devrait profiter de cette décision. Une bonne nouvelle même s’il s’agit d’une goutte d’eau au regard des inégalités toujours très fortes dans le pays.

Evidemment, la mesure a un coût, évalué à 10 milliards d’euros. De quoi inquiéter les plus prudents alors que l’heure est à la réduction des dépense publiques et que la première économie d’Amérique latine est en plein atterrissage, avec une stagnation au troisième trimestre 2011 par rapport au précédent. Fin décembre, la Banque centrale du Brésil a encore abaissé à 3% sa prévision de croissance pour 2011 (contre 3,5% en septembre) et table désormais sur 3,5% en 2012. Soit bien en deçà des 7,5% enregistrés en 2010. L’institution financière justifie cette révision non seulement par le marasme dans les pays développés mais aussi par le ralentissement économique en Chine, premier partenaire commercial du Brésil. Au moins ce contexte devrait-il entrainer une détente de l’inflation, qui dépassait les 6,5% fin 2011, alors que l’objectif fixé par Brasilia est de 4,5%. Autre point positif, le chômage est passé sous la barre des 6%, son plus bas depuis dix ans.