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Equateur : Correa réélu dans un fauteuil

Troisième mandat consécutif pour Rafael Correa. Le président socialiste équatorien a été brillamment réélu dès le premier tour, dimanche dernier, avec 56% des voix, loin devant son challenger Guillermo Lasso, un banquier conservateur. Ce score brillant, qui a même surpris ses propres partisans, le place en position encore plus forte pour aborder ce nouveau mandat. Au pouvoir depuis 2007, cet économiste de 49 ans, présenté comme un disciple du président vénézuélien Hugo Chavez, a certes puisé dans la révolution bolivarienne sa politique nationaliste (en imposant de nouvelles conditions aux compagnies pétrolières) et fortement redistributive, via de nombreux programmes sociaux qui ont permis de réduire la pauvreté et lui confèrent sa popularité actuelle. Selon Quito, le taux de pauvreté a été ramené à 16%, chiffre que ne reprend cependant pas la Banque Mondiale qui, dans son dernier rapport de 2011, évalue encore ce taux autour de 30%. On retrouve aussi chez Correa des tentations autoritaires qui s’expriment par exemple dans sa volonté de mettre au pas la presse d’opposition, comme le prouve son projet de loi très controversé sur la presse et l’audiovisuel. Mais il est aussi crédité d’un pragmatisme réel et d’une audace assez créative en matière de protection de l’environnement.
Cela dit, son troisième mandat risque de n’être pas le plus facile. Car sa politique basée sur une dépense publique croissante coûte cher (15% du PIB en 2012). Il peut prier pour que le prix du baril de brut reste à des niveaux élevés mais il parait aussi décidé, pour doper l’économie du pays, à développer l’extraction minière. Une option prometteuse vu le potentiel du pays en la matière mais qui risque de décevoir bon nombre de ses partisans, les écologistes et, surtout, les communautés indigènes, qui représentent le tiers de la population équatorienne et qui sont prêtes à lutter farouchement pour défendre leur environnement, comme le gouvernement Humala au Pérou en a d’ailleurs fait l’expérience.

Rafael Correa semble également prêt à faire bon nombre de concessions pour faire revenir des investisseurs étrangers refroidis par le moratoire sur la dette extérieure, le retrait de l’Equateur en 2009 du Cirdi (Centre international de règlement des différends relatifs à l’investissement) ou par la spectaculaire correction administrée en 2011 au pétrolier Chevron (condamné à une amende de… 19 milliards de dollars pour pollution). L’an dernier, l’Equateur n’a de fait attiré que 335 millions de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), soit bien moins que la plupart des autres pays de la région, et notamment que son voisin colombien (13 milliards). Qu’à cela ne tienne: « bienvenue à l’investissement étranger qui est en train d’arriver », a lancé le président fraichement réélu qui, décidément très adaptable, s’est dit «plus proche d’un militant de droite respectable que d’un gauchiste imprésentable ».