Brésil  » Politique

Dilma Rousseff face au ras-le-bol des classes moyennes brésiliennes

Les grandes villes brésiliennes sont depuis plusieurs jours le théâtre de manifestations de plus en plus massives, formées en grande partie de jeunes issus des classes moyennes, qui protestent contre la forte hausse des tarifs des transports publics imposée la semaine dernière , mais aussi contre le coût pharaonique de l’actuelle Coupe des Confédérations de football, du futur Mondial 2014 et des JO de 2016, alors que la situation économique du pays s’est détériorée. Rio de Janeiro a réuni lundi quelque 100.000 personnes, rassemblement qui a dégénéré le soir en véritable guerilla urbaine. Des manifestants ont incendié des poubelles, cassé des vitrines et pris d’assaut le parlement de l’Etat de Rio, avant d’être dispersés par les hommes et les blindés du bataillon de choc de la police militaire. Les manifestations, organisées sur les réseaux sociaux, ont rassemblé plus de 200.000 personnes dans le pays, à Sao Paulo, Brasilia, Porto Alegre, Curitiba et même Belo Horizonte (en pleine Coupe des Confédérations de football). Selon les analystes, on n’a pas vu une telle mobilisation depuis les manifs de 1992 contre la corruption du gouvernement de Fernando Collor de Mello.

Face à cette grogne, le gouvernement hésite manifestement entre fermeté et souplesse. «Nous ne permettrons pas que des manifestations perturbent les événements que nous nous sommes engagés à réaliser», a déclaré le ministre des Sports, Aldo Rebelo. Mais la répression policière des jours précédents a au contraire attisé la colère des manifestants. La présidente Dilma Rousseff a donc cherché hier à calmer le jeu en reconnaissant dans un communiqué que «les manifestations pacifiques sont légitimes et propres à la démocratie » et que «c’est le propre de la jeunesse de manifester».

Après 8 ans d’euphorie économique qui a permis à plus de 30 millions de personnes de sortir de la pauvreté, le Brésil voit depuis un an sa croisssance faiblir et l’inflation redémarrer. La popularité du gouvernement a chuté de huit points en juin, même si Dilma Rousseff reste largement favorite pour l’élection de 2014. «Je suis ici pour montrer que le Brésil, ce n’est pas seulement le football», a expliqué à l’AFP une jeune avocate de 24 ans défilant dans les rues de Rio et résumant parfaitement l’état d’esprit de nombreux Brésiliens. «Ici il n’y a pas seulement la fête, il y a d’autres préoccupations comme le manque d’investissements dans des secteurs vraiment importants comme la Santé et l’Education».